J’ai eu la chance de pouvoir visionner « Mon chat et moi, la grande aventure de Rroû » avant sa sortie en salles le 5 avril 2023. Retrouve la version audio de l’interview sur mon podcast « Chat ira mieux demain », avec Guillaume Maidatchevsky, le réalisateur du film.
Je me suis permise de faire une retranscription écrite ici pour plus de facilité de compréhension, l’enregistrement ayant été un peu compliqué à distance.
Voici quelques infos croustillantes avant l’heure. Bonne lecture.

Bonjour Monsieur Maidatchevsky, merci de m’accorder un peu de votre temps pour cet interview. Est-ce que vous souhaitez vous présenter ?
Avec plaisir. Je m’appelle Guillaume Maidatchevsky et je suis le réalisateur de « Mon chat et moi, la grande aventure de Rroû ». On peut dire que ce film est l’histoire d’un récit d’apprentissage entre une enfant (Capucine Sainson Fabresse dans le rôle de Clémence) et son petit chat Rroû.
Qu’est-ce qui vous a amené à choisir cette histoire-là particulièrement, plutôt qu’une autre ?
Au départ cette histoire est issue d’un roman de Maurice Genevoix que j’ai réadapté librement, qui s’appelle « Rroû ». Maurice Genevoix est très connu pour avoir écrit plusieurs bouquins sur la guerre de 14 mais très peu pour son côté « nature ».
Son livre date de 1931, et il y avait beaucoup trop d’ingrédients datés pour pouvoir parler à toutes les familles. Je l’ai remis librement au goût du jour.
Il me semble avoir vu qu’une nouvelle édition du roman allait paraître mi-mars et écrite cette fois-ci par Jessica Serra, c’est bien ça ?
Ayant vu « Mon chat et moi » en avance, je l’ai adoré dans son ensemble, mais également le fait que les émotions de Rroû soient très perceptibles lors de chaque scène, même en plein silence, on comprend rapidement s’il est mal à l’aise, content ou agacé.
Oui, ça implique beaucoup de temps pour y arriver. Le secret de ce genre de film c’est de se prendre le temps d’observer l’autre, d’observer l’animal.
Si l’on se prend le temps, on se retrouve avec une palette d’émotions incroyables ensuite.

Pourquoi votre choix s’est arrêté spécifiquement sur ce petit chaton tigré adorable ? Pourquoi lui ?
Dans le livre Rroû est un chat noir, mais c’était compliqué pour nous de choisir un chat de cette couleur.
Les émotions sont difficilement visibles ensuite à l’écran. On a choisi un petit chat tigré, car c’est assez commun en fait, justement pour que ça parle à tout le monde.
C’est important pour moi. N’importe quelle famille, n’importe quel enfant qui verra le film pourront vraiment identifier Rroû à son propre chat.
On a vu beaucoup, beaucoup de chats, lors d’un casting comme pour les comédiens. Nous avons fait un casting spécial chatons et lui justement avait une telle palette d’émotions, incroyable, qu’on l’a choisi pour ça.
Je sais que je me répète. Mais, je ne voulais pas prendre un animal par exemple qui pour une séquence doit avoir peur, on ne va pas lui faire exprès peur si ce n’est pas dans sa nature d’être craintif. On ne va pas le contraindre.
On prendra plutôt un chat à la place qui est craintif, que ce soit son comportement naturel, du moment.
Je ne veux pas bien sûr lui faire peur exprès, mais c’est important d’établir une espèce de confiance aussi l’un envers l’autre.
Pour Rroû dans 80% du film, nous avons fait jouer le même chat. Les cascades, le côté joueur ou le fait de courir rapidement, ont été réalisés par 2 autres chats qui l’on remplacé.
Nous avons pris des chats qui ont ces comportements de base chez eux, remplaçant ce que l’autre n’a pas.
C’est comme à un comédien, nous ne lui demanderons jamais de faire une cascade de malade s’il a peur.
Ce serait contreproductif. Le chat a son propre caractère et en trouver un qui regroupe ce côté joueur, ce côté peureux, ce côté câlin… c’est dur de trouver tout ça. D’où notre choix.
Par rapport au relationnel avec les chats, est-ce que les acteurs ont peut-être eu un cours avec quelqu’un pour apprendre à échanger correctement avec eux et comprendre cette espèce qu’est le félin domestique ? Si oui, qui ?
On travaille avec Muriel Bec, une imprégnatrice coach animalier et son équipe. Ils s’occupent des animaux, mais non, ils n’ont pas eu de cours.
C’était important surtout de créer une complicité entre l’enfant et l’animal.
Les techniciens en dehors du tournage ne devaient pas toucher ou s’occuper de Rroû afin de ne pas rompre le lien qui était en train de se créer entre Clémence et lui.
Avoir un chat qui vient se coucher et dort à côté d’elle, si avant ils n’ont pas créé de lien, ça ne marchera pas.
Ça sera totalement artificiel et nous n’avions pas envie de ça. On a voulu surtout travailler sur le fait de passer du temps l’un avec l’autre.
Corinne Masiero qui interprète Madeleine dans le film est habituée, car elle a plusieurs chats chez elle.

Dans votre film « Mon chat et moi », Corinne Masiero joue le rôle de la voisine aigrie mais qui a le coeur tendre, est-ce que je me trompe ?
Oui, oui, c’est ça ! Je l’ai prévenu justement que j’allais la filmer de façon « bestiale », « sauvage », parce qu’elle est comme ça aussi d’un côté.
C’est un animal indomptable, et c’est ce dont j’ai besoin pour son personnage. Ça brise aussi ce qu’elle montre habituellement dans les autres films auxquels elle a participé.
Cette carapace qui se fendille un petit peu. On ne le sait pas, mais c’est quelqu’un qui est juste d’une hypersensibilité extrême.
Ça me tenait à cœur de le montrer à travers le personnage de Madeleine.

Maintenant que le tournage est terminé, où se trouve Rroû et ses 2 doublures ? Est-ce que l’un des membres de votre équipe aurait craqué pour en adopter un ?
Moi je voulais le prendre, j’aurai bien aimé ! Mais comme je partais en tournage encore juste après et il était encore tout petit à ce moment, j’ai changé d’avis.
Il est actuellement chez Muriel Bec, l’imprégnatrice, avec ses autres copains chats. Je n’ai pas de nouvelles depuis quelques semaines, mais je pense qu’il va bien.
Vivant sa vie de chat avec ses copains. Les autres ont déjà tous des chats donc n’ont pas souhaité en recueillir un de plus.

Est-ce que vous avez déjà un chat qui vous attends à la maison ? ou justement en tête un projet d’adoption à venir ?
(Rire) Je suis censé être allergique aux chats, mais j’ai ma belle-sœur qui élève des Maine Coon et elle nous en a donné un.
J’avoue que j’aurai préféré avoir un bon chat de gouttière, un bon bâtard comme on dit.
Donc oui, quand je vais rentrer demain du Canada, je vais récupérer un chat assez imposant qui a dû grandir encore depuis.
Nous l’avons récupéré quelques semaines après la fin du tournage de Rroû. C’est un chat très beau et super calme.
Avoir un chat dans votre vie, est-ce que ça vous apporte quelque chose en particulier ? Un petit plus comme de la sérénité ou une inspiration pour créer… par exemple ?
J’ai 2 garçons et ça aide surtout mon petit dernier qui a été diagnostiqué hyperactif. Ce n’est pas une maladie.
Ça l’aide beaucoup en tout cas à se calmer. Le chat le ressent, cette énergie, et comme c’est un chat qui est très calme et très stable, je vois vraiment que qu’il apaise Noé, mon fils.
C’est incroyable de voir mon petit garçon qui est une pile ambulante, qui court dans tous les sens, d’un coup, changer de comportement.
Dès qu’il caresse Taori, notre chat, il arrive à trouver une sérénité qui est vraiment très belle. C’est complètement magique.
Vous avez travaillé avec du vivant, donc il y a forcément des choses imprévisibles qui arrivent parfois quand on échange en plateau avec des animaux. Est-ce que vous avez gardé certaines scènes qui n’étaient pas prévues ?
En fait, ça arrive tout le temps. On est préparé justement à un plan A et il faut être préparé à un plan B, à un plan C et même à un plan D !
Comme l’animal, on ne le contraint pas, il va rarement vous donner ce que vous voulez.
On doit être prêt dans l’équipe de tournage à s’adapter, mais je n’ai pas en particulier une scène précise, parce qu’il y en a tellement.
Le scénario est très précis au départ, je m’en suis occupé.
C’est comme un comédien qui va improviser, on passe notre temps à nous adapter à nos animaux. C’est du sur-mesure à l’instant T.
Est-ce que vous avez une scène préférée dans votre film « Mon chat et moi, la grande aventure de Rroû », qui vous a marquée ?
La scène du début pour moi est très forte, car elle n’était pas simple à faire comme chaque escalade sur une étagère par exemple.
Sinon, le moment ou l’animal dort, est une chose pour moi de très émouvant, car ça veut dire qu’il est totalement en confiance avec nous.
Naturellement, il ne va pas dormir s’il est inquiet. Ces moments où Rroû dort à l’image et lorsqu’on le filme, c’est quelque chose de très beau, je trouve alors qu’on est entre 40 et 50 personnes autour de lui.
C’est peut-être simple, mais ça veut dire qu’il est bien avec nous et c’est le plus important.
Qu’espérez-vous que les gens retiennent de votre film et plus particulièrement les enfants qui le verront ?
Un sentiment peut-être de respect ? De respecter l’autre.
Respecter sa décision, c’est assez fort comme message. Puis observer l’autre. On ne retient pas un individu s’il a envie de partir.
Ça passe aussi par le respect de l’animal, ce n’est pas un médicament. Ça peut être un compagnon, être une écoute, mais aucunement un médicament.
L’autre partie importante du film que j’aimerai que les gens comprennent, c’est ce côté apprentissage de la vie.
Un chat, ça grandit beaucoup plus vite qu’une enfant en l’occurrence, et il faut accepter ça.
Que les enfants réussissent à comprendre aussi cette différence d’âge et puissent se dire : « ok, je suis encore un enfant, mais toi tu deviens un adulte », et c’est une chose qui n’est pas simple.
J’aimerais que mon film aide également les parents à retrouver une discussion avec leurs enfants, pour débloquer des situations ou autres.
Pour mon film précédent, une dame m’avait dit : « votre film va aider mon enfant à grandir ». Et j’ai trouvé ça tellement beau.
J’aimerais que Rroû fasse le même effet que Aïlo. Un chat, ça peut être un animal de compagnie, mais ça peut vraiment aider les enfants à grandir.
Cependant, il y a un moment où il faudra peut-être accepter de le laisser partir, pour diverses raisons.

À venir également le 27 décembre 2023 au cinéma, « Kina & Yuk : renards de la banquise » ! En attendant, faites-moi vos retours sur ce film dès que vous l’aurez vu. Partagez en commentaire vos ressentis, vos émotions et ce que ça a créer à l’intérieur de vous.
Mis à jour le : 20.03.2023
Photos : Mon chat et moi, la grande aventure de Rrou © 2022 MC4 _ ORANGE STUDIO_ JMH & FILO FILMS